La lipoatrophie médicamenteuse est une complication émergente, associée à certaines thérapeutiques métaboliques et antivirales, notamment les analogues du GLP-1 (sémaglutide, tirzépatide) et la PrEP (prophylaxie pré-exposition au HIV). En 2024, plus de 1 million d’utilisateurs ont eu recours à ces traitements en France.
Trois cas cliniques illustrés par des images avant/après sont présentés, détaillant les stratégies de traitement par acide hyaluronique et/ou acide polylactique, dans un objectif de restructuration dermique et de renouvellement adipocytaire.
Introduction
La lipodystrophie médicamenteuse, longtemps observée dans les trithérapies du VIH, refait surface avec l’essor des analogues du GLP-1 et de la PrEP. Cette complication impacte la répartition de la graisse, notamment au niveau du visage, entraînant des modifications morphologiques visibles et parfois psychologiquement lourdes.
Les patients traités pour une obésité ou un diabète type 2 avec des GLP-1 (semaglutide, tirzépatide) présentent parfois une perte sélective des volumes faciaux, difficilement réversible spontanément. Il en va de même pour les patients sous PrEP au long cours (Truvada, Descovy), chez qui des effets secondaires mitochondriaux peuvent affecter la masse graisseuse.
Mécanismes d’action des analogues du GLP-1 sur le tissu adipeux facial
Réduction globale de la masse grasse
La graisse sous-cutanée faciale, peu profonde et peu vascularisée, est particulièrement sensible à cette perte, entraînant un effet de « fonte » rapide du visage.
Brunisation du tissu adipeux blanc
Le GLP-1 agit sur le métabolisme des adipocytes en stimulant les gènes de la thermogénèse par activation des voies AMPK et PGC1-α. Cela transforme le tissu adipeux blanc en tissu adipeux beige (métaboliquement actif), plus thermogénique.
Inhibition des voies lipogéniques
Les agonistes GLP-1R réduisent la différenciation des pré-adipocytes en adipocytes matures (via inhibition de PPARγ) et favorisent la lipolyse et réduisent la lipogenèse dans les tissus sous-cutanés.
Mécanismes d’action des traitements PrEP (ex : Truvada°, Descovy°) sur le tissu adipeux facial
La PrEP (prophylaxie pré-exposition HIV) utilise des antirétroviraux, principalement :
- Ténofovir disoproxil fumarate (TDF)
- Emtricitabine (FTC)
Ces médicaments sont des inhibiteurs nucléosidiques qui ont des effets secondaires sur la graisse en induisant :
- Toxicité mitochondriale : le TDF inhibe partiellement la polymérase γ, enzyme responsable de la réplication de l’ADN mitochondrial entraînant une diminution du nombre de mitochondries fonctionnelles dans les adipocytes avec comme résultat une apoptose des adipocytes, une perte de fonction métabolique et une atrophie du tissu graisseux.
- Inflammation locale chronique : on observe une infiltration des macrophages dans les tissus adipeux sous-cutanés des patients sous TDF avec une inflammation de bas grade, qui accélère le turn-over adipocytaire.
- Perte spécifique de la graisse superficielle : le tissu graisseux facial et temporal est particulièrement vulnérable car il est pauvre en cellules souches adipeuses, il a une faible capacité de renouvellement en cas de stress mitochondrial et il est souvent soumis à des pressions mécaniques répétées.