L’hypocollagénie liée à l’âge désigne la diminution de la production et de la qualité du collagène avec le vieillissement. Le collagène est la protéine la plus abondante dans le corps humain (1). Il participe à la structure du derme de la peau, des os, cartilages, muscles, tendons, ligaments et vaisseaux sanguins et apporte solidité, élasticité, résistance et fermeté. Il est essentiel à la réparation des tissus. Une diminution du collagène entraîne altérations (rides) et dysfonctionnements (rigidité articulaire ou fragilité osseuse) (2).
Causes possibles de l’hypocollagénie liée à l’âge
- Facteurs génétiques : de l’ostéogenèse imparfaite ou du syndrome d’Ehlers-Danlos.
- Âge
- Carences nutritionnelles : en vitamine C, zinc ou cuivre diminuent sa synthèse.
- Maladies auto-immunes : la polyarthrite rhumatoïde, peut le dégrader.
- Exposition environnementale : soleil, tabagisme et pollution accélèrent sa dégradation.
Symptômes d’une hypocollagénie liée à l’âge
Physiopathologie
La production de collagène décline d’environ 1% par an après l’âge de 25 ans (3). A 80 ans, c’est -75% par rapport aux jeunes de 18-29 ans (2). Cette perte est attribuée au(x) :
Vieillissement des fibroblastes et synthèse réduite de collagène
Avec l’âge, la capacité des fibroblastes à produire du collagène diminue de manière significative. En effet, les fibroblastes provenant de personnes âgées de 80 ans et plus synthétisent environ 30% de moins de procollagène de type I comparativement à ceux des individus plus jeunes (2). Par ailleurs, le nombre total de fibroblastes présents dans la peau âgée diminue d’environ 35%, ce qui contribue à la réduction globale de la production de collagène (2). En parallèle, l’activité des enzymes responsables de la dégradation du collagène, telles que les métalloprotéinases matricielles (MMPs), tend à augmenter avec l’âge (1), accélérant ainsi la dégradation de la matrice extracellulaire cutanée.
Stress oxydatif
Il augmente avec l’âge, endommage les protéines, les lipides, l’ADN et favorise l’expression des MMPs (1).
Produits finaux de glycation avancée (AGEs)
Les AGEs se forment lorsque le collagène est exposé aux sucres et aux aliments brunis provoquant des réticulations qui rigidifient les fibres et réduisent leur élasticité (1).
Sénescence cellulaire
Les cellules sénescentes libèrent des facteurs pro inflammatoires qui inhibent la synthèse du collagène et favorisent sa dégradation (1).
Changements hormonaux
La ménopause entraîne une diminution des œstrogènes, associée à une perte annuelle de collagène d’environ 2% en post-ménopause (1).
Exposition aux UV
[/resrict]Induit la production de ROS et augmente l’activité des MMPs (3).Facteurs de mode de vie
Certains facteurs liés au mode de vie peuvent également altérer la synthèse du collagène. Le tabagisme, par exemple, réduit le flux sanguin cutané, ce qui limite l’apport en nutriments essentiels à la production de collagène. Il favorise également l’augmentation des espèces réactives de l’oxygène (ROS), contribuant ainsi au stress oxydatif et à la dégradation des fibres de collagène. Par ailleurs, une alimentation déficiente en acides aminés essentiels, en vitamine C ou en zinc compromet la synthèse du collagène (1).
Traitement et prévention
Pourquoi il est important d’engager le dialogue sur une supplémentation en collagène en consultation :
C’est le meilleur outil pré/anti et pro-âge
Le pré-âge correspond à la prévention primaire, centrée sur la préjuvénation, qui inclut notamment la supplémentation en collagène, idéalement initiée autour de 25 ans. L’anti-âge, quant à lui, relève de la prévention secondaire et fait appel aux techniques de réjuvénation pour corriger les signes visibles du vieillissement. Enfin, le pro-âge valorise le bien vieillir sans recourir à la médecine ou à la chirurgie esthétique, en misant sur un mode de vie sain et équilibré.
C’est rendre le patient acteur de son vieillissement et de son plan de traitement en médecine esthétique
Le vieillissement intrinsèque, lié à la pollution, au stress oxydatif, à la glycation ou encore à l’inflammation de bas grade, reste un processus sur lequel le patient peut intervenir par des choix de mode de vie adaptés. Plusieurs mesures peuvent contribuer à ralentir ses effets :
- L’arrêt du tabac et la réduction de la consommation d’alcool.
- Une alimentation riche en collagène (comme les bouillons d’os) et en nutriments favorisant sa synthèse, notamment la vitamine C, le zinc, le cuivre, ainsi que les protéines animales et végétales (1).
- L’apport en acides gras oméga-3, qui aident à maintenir la souplesse de la peau et à réduire l’inflammation.
- Une consommation modérée de sucre et de viandes carbonisées (barbecue), pour limiter la glycation.
- Une hydratation adéquate, essentielle pour la santé cutanée.
- Une protection solaire régulière afin de prévenir les dommages induits par les UV (3).
- La gestion du stress chronique et un sommeil de qualité, car un manque de sommeil ainsi qu’un excès de glucocorticoïdes inhibent la synthèse du collagène (1).
Cela augmente la satisfaction des patients et du médecin
Les patients perçoivent positivement une prise en charge globale proposée par leur médecin, ce qui renforce leur confiance et leur fidélité. Cette approche intégrative permet au patient de vieillir plus harmonieusement, avec un regain d’énergie, une peau raffermie et plus éclatante. Du point de vue du médecin, cette stratégie s’accompagne d’une réduction significative des effets indésirables liés aux actes de médecine esthétique, notamment grâce à la diminution de l’inflammation chronique.
Le médecin peut également proposer :
- Des traitements topiques : les rétinoïdes, largement utilisés en dermatologie, favorisent la production de collagène tout en réduisant l’activité des métalloprotéinases matricielles (MMPs), responsables de sa dégradation (1).
- Des interventions médicales : chez les femmes ménopausées, une thérapie hormonale substitutive peut être envisagée afin de compenser la chute des œstrogènes, qui accélère la perte de collagène (1). Les peptides de collagène peuvent également contribuer à améliorer la densité minérale osseuse (8). Diverses techniques médico-esthétiques stimulent efficacement la synthèse de collagène : laser CO2 fractionné (1), peelings, mésolifts, microneedling, LED, ultrasons, radiofréquences, fillers inducteurs de collagène, fils tenseurs, facteurs de croissance et exosomes.
Recherche et perspectives
La recherche sur l’hypocollagénie liée à l’âge progresse :
- Thérapies cellulaires pour la stimulation des fibroblastes (2),
- Antioxydants et anti-AGEs neutralisant les ROS et les AGE (1),
- Interventions non invasives (ultrasons focalisés, lasers) continuent d’évoluer pour stimuler la production de collagène sans chirurgie (1),
- Suppléments innovants avec des formulations combinant peptides de collagène, acide hyaluronique et cofacteurs (vitamine C) (6).
Quel collagène proposer ?
Depuis quelques années, des formules de collagène ont fleuri sur le marché mais toutes ne se valent pas. Le premier critère de qualité est un collagène hydrolysé. En effet, le collagène est une molécule de grande taille, que l’intestin ne peut pas assimiler telle quelle. Il doit donc être préalablement découpé en peptides, des fragments plus petits et hautement assimilables, afin de garantir une absorption optimale par l’organisme.
Quelle dose de collagène recommander ?
Bien qu’il n’existe pas de consensus officiel, un schéma posologique indicatif peut être proposé :
A partir de 25 ans : entre 1 et 5 grammes par jour.
Entre 30 et 45 ans : entre 5 et 10 grammes par jour.
Au-delà de 45 ans : jusqu’à 10 grammes (ou plus) par jour.
En cas de besoin accru (exemple : fracture ou réparation tissulaire) : 20 grammes par jour pendant la phase de consolidation, puis 10 grammes par jour en entretien.
Il est recommandé de suivre la supplémentation pendant au moins 3 mois, les premiers effets étant généralement observés à partir d’un mois. Ce point est essentiel à rappeler au patient : une cure d’un mois est insuffisante pour obtenir des résultats visibles et risque de générer de la déception.
Précautions d’emploi et contre-indications
Les effets indésirables liés à la supplémentation en collagène sont généralement d’ordre digestif, tels que des ballonnements ou des diarrhées. En cas d’inconfort, il est recommandé de réduire la dose et de vérifier l’absence de colopathie fonctionnelle sous-jacente. Chez les patients souffrant d’insuffisance rénale sévère, la dose de collagène doit être intégrée dans la ration protéique quotidienne afin d’éviter toute surcharge. Enfin, en cas d’allergie aux produits de la mer, l’utilisation de collagène marin est contre-indiquée mais le collagène d’origine bovine reste une alternative possible.
Collagène marin ou bovin, quel est le meilleur ?
C’est LA question souvent posée par les patients. Les critères d’évaluation incluent :
Biodisponibilité
La biodisponibilité est un facteur clé pour l’efficacité des compléments de collagène, car elle détermine la quantité de collagène effectivement absorbée et utilisée par l’organisme. Les peptides de collagène hydrolysé sont plus assimilables que le collagène natif, quelle que soit la source.
Collagène marin : les peptides de collagène marin ont un poids moléculaire inférieur (souvent <2000 daltons) comparé au collagène bovin. Une étude de 2015 indique que l’absorption du collagène marin est 1.5 à 1.7 fois supérieure à celle du collagène bovin ou porcin.
Collagène bovin : le collagène bovin présente des peptides de taille légèrement supérieure qui peuvent réduire son assimilation par rapport au collagène marin. Mais un collagène bovin de haute qualité par une hydrolyse soigneuse a une absorption comparable.
Efficacité
L’efficacité de la supplémentation en collagène dépend du type de collagène utilisé (I, II ou III) et des tissus ciblés. Le collagène de type I est le plus abondant dans l’organisme, il se retrouve principalement dans la peau, les tendons et les os ; le type II est surtout présent dans le cartilage et donc particulièrement adapté aux troubles articulaires ; le type III, quant à lui, est localisé dans les muscles et les vaisseaux sanguins, jouant un rôle important dans la structure des tissus conjonctifs souples.
Santé de la peau
Collagène marin : riche en collagène de type I, il est particulièrement efficace pour améliorer l’élasticité, l’hydratation et réduire les rides. Des études cliniques montrent une amélioration significative de l’élasticité cutanée après 8 à 12 semaines de supplémentation (2,5 à 10g/jour). (7). Des formules combinant collagène marin, acide hyaluronique et vitamine C amplifient ces effets.
Collagène bovin : contenant un mélange de types I et III, il est également bénéfique pour la peau, mais les études sont moins nombreuses et montrent des résultats légèrement moins prononcés que pour le collagène marin.
Santé des articulations
Collagène marin : le collagène marin (type I et parfois II) améliore la mobilité articulaire et réduit l’inflammation, particulièrement chez les sportifs et les seniors. Cependant, les données sur le type II (spécifique au cartilage) sont moins abondantes pour le collagène marin.
Collagène bovin : riche en types I et III, il est efficace pour soulager les douleurs articulaires liées à l’arthrose ou à la polyarthrite rhumatoïde.
Autres bénéfices
Cheveux et ongles : le collagène marin est souvent cité pour renforcer les cheveux et les ongles, avec des études montrant une réduction de la casse après 12 semaines. Les données pour le collagène bovin sont moins spécifiques mais suggèrent des effets similaires.
Santé intestinale : une étude de 2022 a démontré que 20g/jour de collagène bovin réduisait les ballonnements et améliorait les symptômes digestifs chez des femmes. Les données pour le collagène marin sont limitées dans ce domaine.
Sécurité et contre-indications
Collagène marin : les principaux risques incluent des allergies aux poissons ou crustacés. Des troubles intestinaux (ballonnements, diarrhées) sont rares mais possibles. Les collagènes marins de qualité sont testés pour minimiser les contaminants comme les métaux lourds.
Collagène bovin : un risque de contamination par des antibiotiques ou hormones de croissance existe si les bovins ne sont pas élevés dans des conditions contrôlées (exemple : nourris à l’herbe). Il est contre-indiqué pour les personnes évitant les produits bovins pour des raisons religieuses ou éthiques.
Les deux sources sont sûres lorsqu elles sont issues de producteurs réputés avec des certifications (Friend of the Sea pour le marin, USDA pour le bovin).
Considérations éthiques et environnementales
Collagène marin : issu de sous-produits de la pêche, il valorise des ressources souvent jetées, réduisant le gaspillage. Son empreinte carbone est environ 7 fois inférieure à celle du collagène bovin, car l’aquaculture produit moins de gaz à effet de serre que l’élevage bovin. Les certifications comme Pêche Durable garantissent une production responsable.
Collagène bovin : l’élevage bovin a un impact environnemental significatif (émissions de méthane, déforestation). Cependant, l’utilisation de sous-produits (peau, os) atténue cet impact. Les collagènes issus de bovins nourris à l’herbe sont plus durables que ceux de l’élevage intensif.
Limites des études
Les données scientifiques sur la supplémentation en collagène présentent encore certaines limites. Les études portant sur le collagène marin sont plus nombreuses, notamment en ce qui concerne les bénéfices cutanés, mais les résultats sont moins solides lorsqu’il s’agit des articulations ou d’autres tissus. Du côté du collagène bovin, les recherches manquent parfois de précision quant au type de collagène utilisé (généralement de type I ou III) et à la qualité des sources.
Par ailleurs, une grande variabilité existe dans les protocoles des études, tant sur les doses administrées (de 2.5 à 20 grammes par jour) que sur la durée de supplémentation (de 8 à 24 semaines), ce qui complique la comparaison des résultats. Enfin, l’absence de recommandations officielles sur les doses optimales à utiliser constitue un frein à l’interprétation claire et uniforme des effets du collagène.
Conclusion
L’hypocollagénie liée à l’âge est un processus naturel. Elle est l’une des conséquences du vieillissement, et elle favorise elle-même le vieillissement des tissus. Bien que ce phénomène soit inévitable, on peut en atténuer les effets par des suppléments ciblés, un mode de vie sain et des traitements médicaux adaptés.
On peut proposer une supplémentation avec peu d’effets indésirables, à condition que le collagène choisi soit hydrolysé et que la supplémentation dure au moins 3 mois. Aucune source n’est universellement « meilleure », mais le collagène marin se distingue par sa biodisponibilité, son efficacité pour la peau et son moindre impact environnemental et le collagène bovin pour les articulations et son moindre coût. Le choix entre les deux dépend des objectifs à atteindre et des antécédents médicaux du patient.
Le traitement de l’hypocollagénie lié à l’âge devrait devenir un incontournable dans la prise en charge du vieillissement. Il ne remplace pas les actes de médecine ou de chirurgie esthétique mais il permet d’augmenter le résultat des actes pratiqués et de les rendre plus pérennes. Il renforce aussi le lien, la confiance et la satisfaction du patient pour son médecin. Les recherches en cours offrent des perspectives encourageantes pour de nouvelles approches visant à préserver les niveaux de collagène à long terme.
Références
- Bolke-L, Schlippe G, Gerhardt U, Schmid H. Skin collagen through the lifestages: importance for skin health and beauty. Aging Med (Milton). 2020;3(1):3-14. doi:10.1002/agm2.12101.
- Fisher GJ, Varani J, Voorhees JJ. Decreased collagen production in chronologically aged skin: roles of age-dependent alteration in fibroblast function and defective mechanical stimulation. Am J Pathol. 2006 May;168(5):1462-72. doi:10.2353/ajpath.2006.051302.
- Farage MA, Miller KW, Berardesca E, Maibach HI. Age-related dermal collagen changes during development, maturation and ageing-a morphometric and comparative study. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2014 Jul;28(7):869-75. doi:10.1111/jdv.12231.
- König D, Oesser S, Scharla S, Zdzieblik D, Gollhofer A. Specific Collagen Peptides Improve Bone Mineral Density and Bone Markers in Postmenopausal Women-A Randomized Controlled Study. Nutrients. 2018 Jan 15;10(1):97. doi:10.3390/nu10010097.
- Clark KL, Sebastianelli W, Flechsenhar KR, Aukermann DF, Meza F, Millard RL, DeBiase C, Ruggeri D, Kremer KA. 24-Week study on the use of collagen hydrolysate as a dietary supplement in athletes with activity-related joint pain. Curr Med Res Opin. 2008 May;24(5):1485-96. doi:10.1185/030079908X291967.
- Choi FD, Sung CT, Juhasz ML, Mesinkovska NA. Oral Collagen Supplementation: A Systematic Review of Dermatological Applications. J Drugs Dermatol. 2019 Jan 1;18(1):9-16. PMID:306881787u.
- Lee M, Kim D, Park SH, Jung J, Cho W, Yu AR, Lee J. Le peptide de collagène de poisson (Naticol) protège la peau de la sécheresse, de la formation des rides et de la mélanogénèse in vitro et in vivo. Prev Nutr Food Sci. 31 déc.
- König D, Oesser S, Scharla S, Zdzieblik D, Gollhofer A. Des peptides de collagène spécifiques améliorent la densité minérale osseuse et les marqueurs osseux chez les femmes ménopausées – une étude contrôlée randomisée. Nutriments. 2018;10(1):97.[/resrict]