Les xanthélasmas palpébraux sont les dépôts lipidiques cutanés les plus fréquents. Ils se localisent habituellement au niveau des paupières supérieures, proches du canthus interne et se manifestent sous forme de plaques jaunâtres, planes ou légèrement surélevées, souvent bilatérales et symétriques (1). Bien qu’asymptomatiques, leur caractère inesthétique représente un gêne notable pour les patients.
Histologiquement, les xanthélasmas sont composés de cellules spumeuses, c’est-à-dire des macrophages chargés de lipides, situés dans le derme papillaire et moyen. Ces cellules sont remplies de vacuoles contenant du cholestérol estérifié et des triglycérides (2). Leur présence traduit une altération locale du métabolisme lipidique. Environ 50% des cas sont associés à une dyslipidémie, souvent une hypercholestérolémie familiale de type IIa ou IIb selon la classification de Fredrickson (3).
Néanmoins, la moitié des patients sont normolipémiques, suggérant des mécanismes physiopathologiques additionnels, tels qu’une perméabilité capillaire accrue ou des anomalies enzymatiques locales dans le métabolisme des LDL oxydées (4).
Panorama thérapeutique actuel
De nombreuses options thérapeutiques ont été proposées pour le traitement des xanthélasmas : chirurgie, agents chimiques, techniques thermiques ou laser (5). L’exérèse chirurgicale est efficace mais présente des risques cicatriciels non négligeables, en particulier dans la région palpébrale (6). L’application d’acide trichloroacétique (TCA), utilisée à des concentrations de 50 à 100% provoque une nécrose chimique des tissus. Cette méthode est accessible, mais son efficacité est variable et les risques de dyschromie post inflammatoire sont élevés, notamment pour les phototypes foncés (7).
La cryothérapie, l’électrocoagulation et la radiofréquence sont également employées. Cependant, la profondeur de destruction est difficilement contrôlable, ce qui peut entraîner des cicatrices ou une dépigmentation persistante (5). Les lasers ablatifs tels que l’Erbium:YAG (2940 nm) ou le laser CO2 continu (10600 nm) ont démontré une efficacité notable, mais leur effet thermique diffus augmente le risque de complications esthétiques (8).
Le développement du laser Co2 fractionné a permis une nouvelle approche, plus sûre et mieux tolérée. Initialement développé pour le photo-rajeunissement cutané (9), ce mode de délivrance fractionné repose sur la création de colonnes thermiques (microthermal zones – MTZ), laissant des ponts de tissu intact, favorisant ainsi une guérison rapide (10).
L’adaptation de cette technologie à une version focalisée permet un traitement ciblé des lésions limitées telles que les xanthélasmas, en préservant les structures péri lésionnelles. Nous appelons cette méthode : SX (STEPANIAN X), fondée sur l’utilisation du CO2 fractionné localisé.
Objectif de l’étude
Cette étude vise à évaluer l’efficacité, la tolérance et la reproductibilité clinique de la méthode SX chez des patients présentant des xanthélasmas palpébraux modérés. Les objectifs spécifiques sont :
- Décrire les paramètres techniques de traitement,
- Evaluer la réponse clinique à court et moyen termes,
- Apprécier la sécurité locale et la satisfaction des patients.
Matériel et méthodes
Conception de l’étude
Série prospective monocentrique réalisée au Centre Calliopé (septembre 2024 – mars 2025). Trois patients consécutifs ont été inclus selon les critères suivants :
- Adultes de plus de 18 ans, présentant des xanthélasmas palpébraux <2 cm, sans trouble cicatriciel ou inflammation oculaire active. Phototypes I à IV.
- Exclusion : grossesse, allaitement, immunosuppression, implants orbitaires, antécédents de pigmentation post-inflammatoire sévère ou dermatoses actives.
Dispositif
Le traitement a été réalisé avec un laser CO2 fractionné (10600 nm) utilisant un scanner électronique permettant une délivrance micro structurée. Cette configuration permet une ablation contrôlée de la couche épidermique et du derme superficiel, tout en induisant une thermolyse fractionnée ciblée (11).
Soins post-laser
Les soins post-opératoires comprenaient l’application biquotidienne de Cicalfate (sucralfate et cuivre/zinc), l’interdiction de maquillage pendant 10-14 jours et l’application rigoureuse d’un écran solaire SPF50+ pendant trois mois.