Le relâchement cutané abdominal léger à modéré est une indication fréquente en médecine esthétique, souvent consécutive à des grossesses, à des variations pondérales ou au vieillissement. L’association de deux technologies non invasives – les ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU) et le laser fractionné Erbium:Glass – permet un remodelage tissulaire en profondeur et au niveau dermique moyen, sans altération épidermique ni éviction sociale. Cet article propose une revue scientifique des mécanismes biologiques impliqués, ainsi qu’un rapport de deux cas cliniques traités avec cette approche combinée.
Physiologie et biologie du relâchement cutané abdominal
Le tissu cutané abdominal est particulièrement sensible à la distension mécanique (grossesses, obésité, perte de poids rapide). Le relâchement est dû à une combinaison de :
- Fragmentation du collagène (types I et III),
- Altération de la jonction dermo-épidermique,
- Dégradation des fibres élastiques,
- Diminution de l’activité fibroblastique (1-3).
Sur le plan moléculaire, on observe une augmentation des MMPs (matrix métalloprotéinases), une diminution de l’expression de TGF-β, une élévation du stress oxydatif et une activation chronique de la voie NF-kB, maintenant un état d’inflammation silencieuse (4,5).
Architecture de la peau abdominale
La peau abdominale est constituée de plusieurs strates :
- Epiderme : couche kératinisée, rôle barrière.
- Derme papillaire et réticulaire : riche en collagène I et III, élastine, acide hyaluronique, GAGs.
- Hypoderme : tissu adipeux lobulé séparé par des septa conjonctifs verticaux.
- Fascia superficialis : couche fibreuse superficielle du muscle.
La densité des structures dermiques décline avec l’âge, notamment par :
- Perte de 1% de collagène/an à partir de 30 ans.
- Diminution de la biosynthèse d’élastine.
- Apoptose des fibroblastes dermiques.
- Diminution de l’activité de la TGF-β1/SMAD3.
Dérégulations moléculaires
Le processus de relâchement implique :
- Sénescence fibroblastique, réduisant la synthèse matricielle,
- Hyperexpression des MMPs (MMP-1, 3, 9), induite par les UV, le stress oxydatif et la cytokines (TNF-α, IL-1β),
- Dérégulation des voies NF-kB et AP-1, entretenant un état inflammatoire stérile.
L’expression de marqueurs comme p16INK4a, yH2AX (ADN double-strand breaks) et la perte d’activité de la SIRT1 sont aussi corrélés au vieillissement tissulaire.
Eléments cliniques aggravants ou protecteurs
Facteurs extrinsèques
On retrouve notamment le photovieillissement – les UVB induisant l’expression des métalloprotéinases (MMP-1) et les UVA favorisant la production d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) d’origine mitochondriale. Le tabac, quant à lui, agit par vasoconstriction et inhibition du facteur de croissance TGF-β, altérant ainsi les mécanismes de régénération tissulaire. Enfin, l’usage prolongé de corticoïdes topiques constitue un facteur aggravant bien documenté, en raison de ses effets atrophiants sur la peau.
Facteurs intrinsèques
La ménopause joue un rôle majeur : la chute des œstrogènes entraîne une diminution significative de la densité dermique, altérant la fermeté et l’élasticité de la peau. Des prédispositions génétiques sont également impliquées, notamment certains polymorphismes affectant les gènes COL1A1, TGFBR2 et MMP9, qui modulent la synthèse du collagène, la signalisation cellulaire et l’activité des métalloprotéinases.
Facteurs protecteurs
L’application topique de rétinoïdes (via l’activation des récepteurs RAR/RXR) stimule l’expression du collagène de type I. De même, la supplémentation en peptides de collagène hydrolysé, en lysine et en proline contribue à la synthèse des composants essentiels de la matrice extracellulaire. Enfin, l’activité physique régulière induit la libération de myokines bénéfiques – telles que l’IGF-1 et l’IL-15 – ayant un effet positif sur la tonicité tissulaire et les processus de réparation cutanée.
Mécanisme d’action des HIFU corporels
Contrairement au visage, où les HIFU ciblent le SMAS, l’objectif corporel est de traiter le derme profond, l’hypoderme et parfois le fascia musculaire superficiel, selon l’épaisseur tissulaire. Les cartouches utilisées pour le corps atteignent des profondeurs de 3 mm à 16 mm, en fonction de la zone et du type de machine. Chaque tir HIFU génère un point de coagulation thermique localisé (~1 mm³) à une température de 60-70°C, sans chauffer les couches sous-jacentes.
Effets biologiques induits :