La cellulite touche la grande majorité des femmes dans le monde et constitue l’un des principaux motifs de consultation en médecine esthétique. Le terme médical reconnu pour cette affection est l’hyperlipodystrophie superficielle (HLDS), souvent associée, lorsque celle-ci est adipeuse, à la stéatomérie. La prise en charge de cette affection nécessite une compréhension approfondie des étiologies, des mécanismes physiopathologiques, des formes cliniques et des options de traitement non invasives. Cet article vise à fournir un guide thérapeutique détaillé à l’intention des médecins.
Historique et définition
Cellulite ou hyperlipodystrophie superficielle (HLDS)
L’histoire de l’étude de la cellulite remonte à 1929, lorsque P.Lagèze, médecin français, introduisit le concept d’évolution par stades. Depuis, de nombreuses avancées ont été réalisées.
En 1966, les dermatologues espagnols Bassas et Grau observèrent l’absence d’inflammation dans les tissus affectés. Trois ans plus tard, Braun et Falco identifièrent la présence exclusive de graisse dans ces mêmes régions.
En 1972, Muller et Nurnberger mirent en évidence un réarrangement du collagène dans les zones touchées. En 1977, Braun, Falco et Scherwitz décrivirent une dilatation des vaisseaux lymphatiques et une augmentation de la taille des adipocytes. En 1979, Curri et Merlen définirent la cellulite comme une lipodystrophie segmentaire associée à une stase veino-lymphatique régionale. Enfin, en 2000, le Dr. Blanchemaison proposa une classification basée sur l’infiltration, la fibrose et l’adipose des tissus (IFAT).
La cellulite se caractérise par une augmentation de l’épaisseur dermo-hypodermique, se manifestant par un aspect capitonné de la peau, communément appelé « peau d’orange ». Elle est principalement localisée sur la face externe des cuisses, la face interne des cuisses et des genoux, la région fessière, les flancs et l’abdomen sous-ombilical.
Environ 75 à 80% des femmes en sont affectées, y compris celles qui sont minces, tandis que seulement 2% des hommes sont concernés. La cellulite peut être de nature œdémateuse, adipeuse, fibreuse ou mixte.
Etiopathogénie des HLDS
L’étiopathogénie des hyperlipodystrophies superficielles est complexe et multifactorielle. Un des premiers éléments clés est l’œdème interstitiel, résultant de l’insuffisance de l’unité microcirculatoire avec accumulation de macromolécules entraînant une perturbation des réactions d’oxydo-réduction, et une augmentation de la pression oncotique entretenant cet œdème.
Cet œdème entraînera une hypoxie locale qui conduira à une baisse du flux artériolaire perturbant ainsi les processus de lipogenèse et de lipolyse, conduisant l’adipocytose.
Cette adipocytose est marquée par une hypertrophie des adipocytes dans des logettes séparées par des travées conjonctives verticales. Cette hypertrophie des cellules graisseuses au sein de ces logettes inextensibles contribuera à l’apparition clinique de la cellulite.
Enfin, la fibrose résulte de la stimulation fibroblastique secondaire à l’accumulation de protéines de haut poids moléculaire , entraînant une rigidification des tissus et aggravant l’aspect de ‘peau d’orange’ de la cellulite.
Classification histologique des HLDS
La classification histologique proposée par Binazzi permet de distinguer différents stades de la cellulite.
- Au stade I, on observe une simple rétention d’eau accompagnée d’une infiltration capillaire.
- Le stade II est caractérisé par une augmentation de la taille des adipocytes et la formation de micronodules adipocytaires.
- Au stade III, une fibrose péri adipocytaire devient observable.
- Enfin, le stade IV est marqué par la formation de macronodules et par une liposclérose diffuse.
Formes cliniques
Les HLDS peuvent se manifester sous différentes formes cliniques. Les HLDS œdémateuses se caractérisent par une peau d’orange, résultant d’un excès d’œdème, accompagné de douleurs à la pression et d’antécédents d’œdèmes de cheville. Les HLDS adipeuses, quant à elles, sont dues à un excès de graisse et se distinguent par une peau d’orange sans douleur à la pression. Chez les jeunes femmes, on peut observer des HLDS mixtes, combinant œdème et graisse, principalement localisées sur les cuisses et associées à des douleurs à la pression. Les HLDS fibreuses et scléreuses se manifestent par des capitons visibles, même en position allongée et par la présence de macronodules palpables.
Stades cliniques
Les stades cliniques de la cellulite varient en fonction de la gravité de l’affection. Au stade 1, la cellulite est peu visible et la peau d’orange n’apparaît qu’à la pression. Au stade 2, la cellulite devient visible en position debout. Au stade 3, la peau d’orange est visible même en position allongée et de petits nodules sont palpables. Enfin, au stade 4, des altérations vasculaires avec télangiectasies sont présentes et des macronodules sont palpables.
Examens complémentaires
Pour un diagnostic précis et une évaluation approfondie, plusieurs examens complémentaires peuvent être utilisés, tels que l’écho-Doppler, la thermographie, la biopsie et la vidéo-capillaroscopie. Ces techniques permettent d’évaluer l’étendue et la nature des altérations tissulaires et vasculaires.
Traitements non invasifs
Hypoderme superficiel : cellulite
- Diététique
- Activité physique
- Topiques
- Palper-rouler
- Ultrasons non focalisés
- Lipocavitation
- HIFU
- Infra rouges
- Electro-stimulation musculaire
- LED-Lasers externes
- Mésothérapie
- Pressothérapie
- Radiofréquence
- Cure thermale
- Thalassothérapie
Hypoderme profond : stéatomérie
- Diététique
- Activité physique
- Cryolipolyse
- Ondes de choc
- Lipocavitation
- Lipoaspiration
- Lipolyse laser
Interdits : Electrolipolyse, sérum hypo-osmolaire et carboxythérapie
Diffuse : obésité
- Androïde : diététique, activité physique, médicaments, cure thermale, electromagnéthotherapie
- Gynoïde : diététique et activité physique
- Morbide : diététique, activité physique et chirurgie bariatrique
Diététique et activité physique
La prise en charge de la cellulite commence souvent par l’adoption de mesures diététiques et une augmentation de l’activité physique. Il est recommandé de boire abondamment, de réduire la consommation de graisses saturées et de sucres à index glycémique élevé. La pratique régulière d’activités telles que la marche active et la musculation des cuisses et des fesses peut également améliorer la circulation sanguine et réduire l’œdème.
Topiques
Les crèmes anti-cellulite, à base de caféine et de rétinol, sont couramment utilisées pour améliorer l’apparence de la peau. Des crèmes défibrosantes, contenant des vitamines C et E, peuvent également être efficaces pour réduire la fibrose et raffermir la peau.
Techniques physiques
Plusieurs techniques physiques non invasives sont disponibles pour traiter la cellulite. Le palper-rouler, qu’il soit manuel ou mécanique, active la lipolyse adipocytaire et stimule les fibroblastes, contribuant ainsi à raffermir la peau. La pressothérapie, utilisant un drainage pneumatique, favorise le retour veineux et lymphatique, aidant à réduire les œdèmes. La mésothérapie, qui consiste en des injections intra-dermiques de mélanges vasoactifs, antiradicalaires et trophiques collagéniques, peut également être utilisée. Enfin, l’ultrasonothérapie, qu’elle soit à basse fréquence non focalisée ou à haute intensité focalisée, est une option pour traiter la cellulite et les stéatoméries.
Pressothérapie
Mésothérapie
Ultrasonothérapie
Steatomérie ou hyperlipodystrophie profonde
La stéatomérie, une forme d’hyperlipodystrophie profonde localisée, est souvent associée aux HLDS adipeuses. Elle se caractérise par un excès de graisse sans douleur à la pression ni œdème. Parmi les traitements non invasifs pour la stéatomérie, on trouve la cryolipolyse, qui réduit la graisse par refroidissement contrôlé; les ondes de choc, qui défibrose les cellulites évoluées et la lipocavitation, qui détruit les cellules graisseuses par implosion à l’aide d’ultrasons.
L’avènement de nouvelles technologies associant radiofréquence et ondes de choc, radiofréquence et microneedling (radiofréquence fractionnée), ultrasons de haute intensité et focalisation (HIFU), a permis d’améliorer nettement les résultats sur l’aspect cellulitique cutané par une action simultanée sur la micro-circulation pour diminuer l’oedème, sur la lipolyse et l’adipocytolyse pour diminuer l’adipocytose et une action défribosante pour lutter contre la fibrose mais aussi une puissante action néo-collagénique pour améliorer la fermeté de la peau.
Résultat avant et après lipocavitation
Avant et après – 1 séance et après 1 semaine de traitement
Conclusion
La gestion de la cellulite et de la stéatomérie repose sur une évaluation et une approche thérapeutique personnalisée. Les mesures diététiques et l’activité physique sont essentielles en association aux traitements non invasifs qui offrent des options complémentaires efficaces. Une compréhension approfondie des mécanismes décrits plus haut et des techniques disponibles est cruciale pour optimiser les résultats et répondre aux attentes des patientes.