ESSAI DES ONDES DE CHOC DANS LES LIPODYSTROPHIES
NB : Cet article sur l’effet des ondes de choc sur la cellulite localisée reste dans les limites d’une première évaluation clinique et a recueilli différents avis d’utilisateurs. S’il existe quelques publications d’études à ce propos (cf. biblio), d’autres seront bienvenues.
LA THÉRAPIE PAR ONDES DE CHOC
Les ondes de choc sont des ondes acoustiques ayant un niveau d’énergie très élevé en un temps bref. Générées par un appareil spécifique, elles sont transmises au corps humain par un applicateur métallique en contact avec la peau par l’intermédiaire d’un gel.
Les ondes de choc sont connues pour leur utilisation contre les calculs rénaux mais plus couramment, elles sont utilisées depuis des années en médecine du sport, rhumatologie, orthopédie contre les tendinites, calcifications de l’épaule, fascites, cellulalgies, fibroses musculaires, etc…
Plus récemment, elles ont été appliquées à des fins esthétiques, au traitement des vergetures, cicatrices et en particulier de la cellulite. L’agrément FDA a été par ailleurs donné aux Etats-Unis dans cette dernière indication. On emploie ici un certain type d’ondes : les ondes de choc radiales.
APPLICATION AU TRAITEMENT DE LA CELLULITE
Principe d’action
Des ondes de chocs radiales de bas niveau d’énergie alliées à des infrasons sont appliquées sur la peau par une pièce à main permettant aux ondes de pénétrer les tissus sous-cutanés sans léser la peau. Dans les tissus traités, les ondes divergent et leur énergie diminue avec la profondeur de pénétration. Les effets sont donnés pour des profondeurs allant jusqu’à 50 mm dans la graisse sous-cutanée, en fonction du type d’applicateur utilisé.
Tout comme les ultrasons, lors de modification d’impédance des tissus (modification de densité, effets de membrane…) de l’énergie est libérée in situ.
Selon le constructeur suisse, le mécanisme d’action des ondes de choc sur la cellulite et la peau d’orange peut être expliqué par :
- L’hyperhémie due à la vasodilatation qui va améliorer l’ischémie locale de la zone cellulitique, sa circulation lymphatique et le drainage de ses espaces interstitiels.
- L’augmentation de la perméabilité membranaire augmentant les échanges cellulaires et l’activation des lipases (effet lipolytique).
- Une possible destruction des membranes cellulaires (effet lytique). On parle de phénomène de cavitation.
- Une réduction du stress oxydatif dans les tissus (mesure des marqueurs MDA et protéine carbonyle), effet antifibrosique (4)).
- La production de collagène qui est stimulée.
Au final, on obtiendrait donc une décongestion des lobules graisseux cellulitiques, un assouplissement de la zone traitée avec effet défibrosant et anti-oedémateux, une amélioration de la tension cutanée et de son élasticité (mesures effectuées (2)), accompagnant la réduction de l’aspect peau d’orange.
Effets
Effet lipolytique et défibrosant
Le traitement par ondes acoustiques vise donc les principaux facteurs de lipodystrophie :
- relancer la microcirculation qui est ralentie dans les zones de cellulite
- stimuler la lipolyse (vidange des cellules graisseuses) hypertrophiées
- réduire la fibrose et assouplir le tissu conjonctif épaissi de la cellulite.
Ceci conduit à une diminution globale de volume par réduction du volume des adipocytes, surtout si les acides gras libérés sont utilisés (exercice physique, diètes…) et à une amélioration de la qualité de la peau (moins d’effet « peau d’orange »).
Effet adipolytique : destruction des cellules graisseuses
Certains auteurs ont parlé de destruction possible des adipocytes par rupture de membrane cellulaire, libérant les triglycérides diffusant hors des adipocytes (a priori sans être hydrolysés ou peu). Le volume de la zone traitée diminuerait ici par réduction du nombre de cellules graisseuses locales.
Pour cela, sont associées des injections de mélanges médicamenteux ou bien l’infiltration de sérum physiologique destinée à améliorer la conduction des ondes acoustiques qui délivrent alors beaucoup plus d’énergie (en milieu aqueux) pour détruire les adipocytes.
Indications
On ne traite pas ici les problèmes de poids mais les zones de graisse ou de cellulite localisées qui déforment la silhouette (culotte de cheval, genoux, ventre, hanches, bras, etc…).
De plus les effets (défibrosants en particulier) des ondes de choc leur permettent d’agir sur l’aspect peau d’orange lié à la cellulite (cellulite dure, « fibreuse »…). (voir aussi tous les traitements de médecine esthétique contre la cellulite)
TRAITEMENT CLASSIQUE PAR ONDES DE CHOC
Depuis plusieurs années, les ondes de choc sont utilisées seules en séances répétées contre la cellulite, les vergetures, les adhérences des tissus conjonctifs et dans le traitement de certaines cicatrices.
Protocoles
En règle générale, 2000 impacts sont donnés par zone de 10 cm * 10 cm à la fréquence de 15 par minute. La puissance de l’appareil varie entre 2.8 et 4 bars sur le corps. 6 à 10 séances sont effectuées à raison d’une par semaine.
Résultats
Ils commencent généralement à être visibles dès la 3° ou 4° séance. La satisfaction des patientes est de l’ordre de 7 sur 10 pour l’amélioration de la qualité de la peau et autant sur les volumes si une bonne hygiène alimentaire est adoptée.
ONDES DE CHOC ASSOCIÉES À LA RADIOFRÉQUENCE ET PALPER-ROULER MÉCANIQUE
S’agissant d’une technique récente dans cette indication et d’une première approche clinique, voici l’expérience du Dr L. Mouyal.
Protocoles
Les ondes de choc sont utilisées sur des zones cellulitiques bien localisées à raison d’une fois par semaine. Dans la même séance on pratique une application de courant de radiofréquence combinée au palper-rouler mécanique sur l’ensemble du corps.
Résultats
Ils répondent à la demande des patientes sans véritable surpoids qui souhaitent simplement remodeler et harmoniser leur silhouette. C’est la raison pour laquelle il faut être très sélectif et n’accepter de traiter que des patientes bien motivées.
Les résultats n’apparaissent qu’entre la 4° et la 5° séance et vont en s’améliorant. Sur un grand nombre de séance (10 à 15) ils peuvent même être spectaculaires.
Aucun effet secondaire n’a été constaté avec cette utilisation des ondes de choc.
ONDES DE CHOC ASSOCIÉES AUX MICRO-INJECTIONS ET MÉSOTHÉRAPIE
Protocoles
On effectue des injections de mésothérapie (selon les protocoles classiques anti-cellulite) immédiatement après la séance d’ondes de choc, sur les mêmes zones.
Résultats
Associées aux injections mésothérapiques, les résultats sont sensiblement supérieurs et nous paraissent plus rapides. Le nombre total de séances est réduit (6 à 8).
ONDES DE CHOC ASSOCIÉES AUX INFILTRATIONS
Protocoles
Une infiltration de sérum physiologique est réalisée sur la zone à traiter en injectant l’équivalent du volume de la zone de cellulite à l’aide d’une aiguille mousse de 0.6mm de diamètre. Nous ajoutons volontiers de la lidocaïne qui rend l’application des ondes de choc à forte puissance complètement indolore. Après pose de pansements adhésifs étanches sur les quelques points d’injection, nous réalisons un massage palper-rouler mécanique, puis les ondes de choc sont appliquées.
Résultats
Dans cette technique de liporéduction, on recherche la lyse des adipocytes. Nous avons obtenu des résultats réguliers comparables aux techniques hypo-osmolaires ou aux ultrasons de forte puissance, avec des suites très simples (peu d’ecchymoses, pas d’inflammation secondaire, pas ou quasiment pas de douleurs).
2 à 4 séances permettent d’obtenir un résultat en volume, variable selon les techniques associées et l’épaisseur de la cellulite à détruire.
PREMIÈRES CONSTATATIONS
Les ondes acoustiques (AWT°) sont agréées FDA aux Etats-Unis pour le traitement de la cellulite. C’est un gage d’efficacité et de sécurité.
C’est un traitement simple et naturel qui ne présente que très peu de risques Les ondes de choc sont douloureuses si elles sont appliquées près des os. On doit éviter de s’approcher des prothèses orthopédiques. Nous n’avons pas constaté ni lu dans la littérature d’effets secondaires spécifiques. Les séances durent peu de temps et ne nécessitent pas de préparation particulière. Nous les avons intégrées aisément dans nos protocoles de liporéduction.
Ce traitement se distingue des autres techniques anticellulite par son caractère défibrosant sur le tissu conjonctif. Employé seul, il nous paraît surtout intéressant contre l’effet « peau d’orange » et ne comporte aucune gêne après les séances. Employé avec des infiltrations, il fait partie des techniques adipocytolytiques (liporéductions) et nous a donné des résultats parfois inattendus par leur rapidité.
Comme inconvénients, le traitement est bruyant et peut être désagréable près des zones osseuses et/ou tendineuses lorsqu’il est fait sans infiltration anesthésique.
CONCLUSION
Le traitement de l’aspect « peau d’orange » des zones de cellulite nous semble intéressant dans la mesure où peu de techniques apportent des solutions très satisfaisantes. L’effet sur les volumes n’a rien à envier aux séances de mésothérapie, ultrasons ou radiofréquence anticellulite. En ce qui concerne les protocoles de liporéduction, où nous l’avons associé à des infiltrations et au massage mécanique, notre appréciation est essentiellement clinique. Il va de soi que des preuves de l’effet lytique sur les adipocytes sont nécessaires et nous avons entrepris une étude en ce sens pour les mettre en évidence, comme nous l’avions fait pour d’autres techniques de lyse adipocytaire (5). A suivre donc…
BIBLIOGRAPHIE
- Néoangiogenèse (Branes et Al, Shoulder rotator cuff tendinopathy. Histological, immunohistochemical and vibrational spectroscopy analysis in ISMS newsletter Mar 2009, vol 5, issue 1).
- Improvement in skin elasticity and dermal revitalization in the treatment of cellulite and connective tissue weakness by means of Extracorporeal Pulse Activation Therapy W. Siems, R. Brenke, S. Sattler, C. Christ, A. Daser in Aesthetic Surgery Journal USA
- Acoustic Wave Therapy for cellulite. Sattler – Pohl, Raegener in Aesthetische Dermatologe 2 – 2008
- Anti-fibrosclerotic effects of shockwave therapy in lipedema and cellulite Siems Grune Voss Brenke Biofactors 24 (2005) 275/282
- Lyse adipocitaire effets de différents agents lytiques sur la cellule graisseuse Auteur : JL CANO JL MOREL Revue du Médecin Esthéticien AFME n°54 2007
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Note du comité de lecture